Tout simplement de gagner une place au classement, que l’on parle des garçons comme des filles. C’est peu et beaucoup à la fois. Pour les garçons cela signifierait que l’objectif d’accession en National 1 serait atteint. Quant aux filles, monter sur le podium derrière deux équipes de très haut niveau comme le PSG et l’OL permettrait de disputer les barrages de la Champions League et ainsi de passer un nouveau cap. Maintenant, après avoir dit cela, il faut être conscient que cela sera très difficile d’y parvenir car la concurrence sera très importante en N2 comment D1 Arkema.
Si cette première place nous a échappé, c’est que nous n’avons pas mis tous les ingrédients pour atteindre l’objectif du club qui est l’accession en National 1. Quand on finit à un point du premier, cela se joue sur des détails, quelques matchs contre des équipes inférieures que nous aurions pu mieux négocier, comme ces défaites à domicile contre Épinal et Saint-Quentin, alors que Paris 13 Atletico est resté invaincu chez lui durant toute la saison. A l’extérieur nous avons fait un super parcours, mais nous perdons à Belfort et à Reims contre deux équipes largement notre portée. En évitant l’une de ces quatre défaites, nous aurions terminé la saison en tête.
Effectivement. Concernant le match retour, je pense que c’est un match que nous aurions dû perdre contre une équipe de l’Atlético qui s’est montrée plus entreprenante. Pour ce qui est du match aller, même si on ne va pas se cacher derrière cette excuse, il faut reconnaître que les décisions arbitrales lors de cette rencontre ne nous ont clairement pas été favorables. Au final, dans ce joli duel que nous avons mené avec Paris 13 Atletico la balance a penché en leur faveur. On ne peut que les féliciter et leur souhaiter bonne chance pour la saison à venir en National 1.
Comme je l’ai dit, l’objectif du club est l’accession en N1. Forcément après avoir fini deuxième il reste le même. Après nous sommes conscients de la difficulté d’y parvenir. Car cet objectif est partagé par beaucoup de clubs en National 2. Tout le monde ou presque veut monter et cette saison sera aussi compliquée car il y aura un nombre de descentes plus important en raison de la nouvelle refonte des championnats, ce qui va mettre une tension supplémentaire sur tous les matchs. Dans notre groupe, nous allons avoir de nouveaux concurrents qui arrivent du niveau supérieur comme Créteil et Boulogne-sur-Mer et qui voudront forcément y retourner. Nous nous attendons à une saison très dense, avec beaucoup de matchs compliqués, notamment en déplacement.
Il a été organisé très amont, quasiment dès le début de la saison dernière, avec trois profils prioritaires : un milieu défensif, un deuxième attaquant et un latéral gauche. Plusieurs cibles ont été déterminées, suivies et observées durant toute la saison pour chacun de ces posts, ce qui nous a permis d’affiner notre choix. Au final, nous avons réussi à recruter les joueurs que nous désirions. Quasiment tout était bouclé avant l’ouverture de la période des transferts, que nous avons donc abordé très sereinement.
Dans notre recherche d’un milieu défensif expérimenté, nous avons rapidement ciblé Théo Bloudeau pour son potentiel athlétique, sa capacité à casser des lignes et sa qualité de relance. C’est un joueur qui sort de deux saisons pleines avec Saint-Brieuc, qui a une grande expérience des niveaux N1 et N2, il cochait toutes les cases de notre recherche. J’ai donc été le voir plusieurs fois dans la saison à Saint-Brieuc et rapidement je me suis également intéressé à Valentin Lavigne, dont le profil correspondait aussi à notre recherche. Après une première phase d’observation très positive, nous avons donc entamé les discussions avec lui. J’ai beaucoup échangé avec Valentin pour comprendre ses attentes, lui expliquer notre projet sportif en détail et lui confirmer que montée en N1 ou pas nous conserverions de grandes ambitions et miserions sur la continuité. Je tiens d’ailleurs à la remercier pour son écoute et pour la confiance qu’il nous accordée en nous rejoignant. Il a compris qu’au FC Fleury 91 nous menons un travail de fond avec une approche très structurée et nous sommes tombés d’accord avant même l’ouverture du mercato.
Quand on attaque une saison de D1 Arkéma, on sait qu’il est très difficile, voire impossible, d’aller chercher des clubs comme le PSG et l’OL. Mais derrière la concurrence est plutôt ouverte et cette quatrième place était un objectif assumé. L’avoir atteint résulte d’une évolution et d’une progression sur plusieurs saisons. Là aussi il s’agit d’un travail de fond. Sur cette saison 2021-2022, l’équipe a gagné des matchs qu’elle n’aurait pas gagné il y a trois ou quatre ans en arrière. Cela a même été surprenant à certains moments. Aujourd’hui, un cap a été passé, cette équipe sait gagner et l’apport de joueuses de niveau international comme Julie Debever ou Dominika Grabowska y est pour quelque chose. Elles sont rapidement devenues des cadres de l’équipe et lui ont donné des arguments supplémentaires. Il faut également souligner l’excellent travail réalisé par le coach, Fabrice Abriel, qui a été une pièce maîtresse de cette saison réussie en parvenant à mettre en place un jeu audacieux, tourné vers l’offensive. Maintenant, comme chez les garçons, l’idée est de continuer à bien travailler pour progresser. Nous sommes conscients que là aussi la concurrence est farouche, notamment avec un club comme le Paris FC qui réalise un super travail, forme beaucoup de joueuses et parvient à attirer de nombreuses internationales.
Nous avons structuré notre approche en mettant en place des cellules de recrutement. J’emploie le pluriel car nous avons un fonctionnement un peu différent chez les filles et les garçons.
La première chose importante à souligner c’est que nous travaillons spécifiquement pour les filles, dans le but d’avoir une connaissance fine du marché. La cellule de recrutement agit sous la direction de David Fanzel, le manager général des féminines et ancien coach de l’équipe. C’est donc lui qui fixe les priorités de cette cellule et ensuite c’est un travail qui est mené tout au long de la saison avec une grande concertation de toutes les parties prenantes. Par exemple, Fabrice Abriel va nous dire : « J’aimerais trouver une pure gauchère avec une grosse qualité de centre pour le poste de latérale gauche et une défenseure centrale athlétique, dominante dans le jeu aérien ». La cellule organise donc son travail de suivi en fonction de ces priorités et multiplient les observations. Soit on se déplace, soit on utilise l’outil InStat sur lequel tous les matchs féminins de haut niveau sont aujourd’hui disponibles. De ce travail émergent des cibles qui sont validées collectivement. On ne recrute jamais une joueuse qui ne fait pas consensus pour chaque membre de ce groupe de travail. Quand tout le monde est d’accord, un membre de la cellule recrutement se déplace pour l’observer. Puis un autre membre se déplace à son tour pour avoir un autre regard. Et quand il y a confirmation, un autre travail commence avec la prise de contact avec la joueuse, son entourage et ses agents afin d’expliquer notre projet, voir si cela peut coller avec ses attentes et ensuite discuter des aspects financiers.
Nous sommes un club qui met les moyens pour être ambitieux, même avec le statut de club amateur. Mais pour attirer les meilleures joueuses françaises et internationales il nous manque trois choses importantes que nous pouvons plus ou moins faire évoluer, à plus ou moins long terme. Premièrement, il faut reconnaître que notre nom ne fait pas rêver. Même si la proximité avec Paris est un fait, venir à Fleury-Mérogis c’est moins sexy que d’aller dans une grande ville française ou européenne. Nous ne changerons pas cela, mais nous avons tout de même des leviers pour devenir plus attractifs. Car la deuxième chose importante est le cadre de travail. Et ça nous avons la possibilité de le faire évoluer. On parle ici d’un travail de longue haleine, car on ne bâtit pas un centre d’entraînement ou un stade de haut niveau en claquant des doigts. Enfin, la troisième chose c’est d’accéder à une compétition européenne, objectif que nous avons aujourd’hui la possibilité d’atteindre et qui motive notre souhait de monter sur le podium. Mais pour y parvenir, nous avons besoin d’attirer des joueuses de qualité et avec ces trois handicaps ce n’est pas simple. Cette année nous avons des difficultés à recruter une attaquante de très haut niveau car il y en a peu et la concurrence est très importante. Nous n’avons qu’une seule place à gagner, mais c’est peut-être le plus dur pour nous aujourd’hui. Nous étions par exemple en contact avec une internationale belge, mais cela ne s’est pas concrétisé car elle a privilégié un club qualifié en Ligue des Champions. Après avoir dit cela, on ne peut que se concentrer sur notre travail, continuer de miser sur la jeunesse avec un encadrement de qualité et rester à l’écoute du marché et de ses opportunités. On sait qu’il y en aura jusqu’aux dernières minutes du mercato.
Chez les garçons notre cellule est aujourd’hui moins développée. Déjà parce que le niveau est différent, que le marché n’est pas le même, mais aussi parce que notre organisation n’est pas la même. Nous n’avons plus chez les garçons l’équivalent de David Fanzel pour les filles. C’est le coach, Farid Boumezoued, qui est directement en contact avec les dirigeants et les recruteurs. Le travail de ces derniers se fait beaucoup sur le marché français, mais on regarde de plus en plus le marché étranger car même en National 2 il faut aujourd’hui mettre de gros moyens pour attirer des joueurs de qualité. Au FC Fleury nous portons pas mal d’attention aux marchés portugais et sud-américain par exemple. Même si cela ne s’est pas finalisé, nous avons par exemple été proches de recruter un joueur uruguayen il y a quelques mois. Notre méthode est donc de structurer au maximum de nos possibilités ce travail de prospection, d’anticiper les besoins et d’élargir notre champ d’observation. Je me répète mais c’est un vrai travail de fond.
Le National 2 est un championnat de plus en plus professionnel. Déjà parce que les exigences géographiques sont importantes même si nous sommes sur quatre groupes de seize équipes aujourd’hui. Dans un même groupe vous pouvez avoir la réserve du FC Nantes, Andrézieux et Béziers comme c’était le cas la saison dernière dans le Groupe D. Autre exemple cette saison dans le Groupe C vous avez la réserve d’Auxerre, le RC Grasse et le FC Sète,ce qui fait un triangle là aussi très important en termes de distance. Du coup vous ne pouvez pas être ambitieux sans une approche professionnelle, avec des joueurs qui se concentrent uniquement sur le football. Si vous voulez tirer votre épingle du jeu il faut évoluer quasiment comme un club professionnel. Et bien entendu cela concerne aussi le recrutement. Mettre en place une cellule de recrutement, cela demande des moyens parfois importants, mais cela donne des résultats et je pense que les clubs de N2 qui ont compris cela ont un temps d’avance sur les autres aujourd’hui.
Complètement. Cela a changé beaucoup de choses même si le mode de captation reste modeste et ne permet pas de tout bien voir comme les regards et les appuis d’un joueur quand on fait une observation spécifique. Mais que cela soit pour les coachs dans l’analyse de leur équipe et de leur adversaires, ou pour les recruteurs dans la prospection, la généralisation de la vidéo est un levier qui fait grandement progresser ces niveaux.
J’ai longtemps officié comme dirigeant au sein du FC Nantes où j’ai multiplié les missions. Pendant un temps j’étais par exemple intendant de l’équipe professionnelle lors des matchs à domicile. En 2015, avec Christophe Charbonnier, le père de l’attaquant auxerrois, Gaëtan, je me suis investi dans le foot féminin avec un club vendéen nommé Foot Espoir 85, avec l’objectif d’accéder à l’élite régionale dans un premier temps. Puis le covid est passé par là, le club n’avait pas les moyens du projet que nous souhaitions mettre en place et l’aventure s’est arrêtée. Mais cette expérience m’a donné envie d’aller plus loin. En discutant de cela avec mes différents contacts, on me parlait souvent du métier d’agent. Mais personnellement, mon envie était de rester concentré sur le terrain, pas sur la négociation et la signature des contrats. Très vite, le recrutement est devenu une évidence et la nécessite qui était la mienne de me former également. C’est là qu’un ami m’a parlé pour la première fois de FRFP. Je me suis inscrit à la formation et je peux dire aujourd’hui que cela a changé ma vie.
Énormément de choses. Beaucoup pensent qu’être recruteur c’est simplement de repérer et recruter un joueur. Mais c’est beaucoup plus complexe que cela, c’est un vrai métier. On ne s’improvise pas recruteur pour le haut niveau. Il faut déjà de la méthode. On apprend à observer et rendre compte, mais aussi à s’organiser, à utiliser tous les outils numériques spécifiques à ce métier. On apprend également le fonctionnement du football et des clubs, à se présenter en tant que recruteur dans un stade, à adopter les bonnes postures en fonction de nos interlocuteurs, clubs, joueurs, familles, agents… Et surtout, on apprend à créer et entretenir son réseau, ce qui est une clé importante pour un recruteur. La formation nous met aussi face à des cas pratiques qui nous permettent de mettre à l’épreuve les connaissances acquises. Et puis surtout elle est dirigée par deux personnes de très grande valeur aux niveaux professionnel et humain, Souleymane Camara et Rachid Khlifi. Franchement, la formation FRFP m’a transformé et dès que j’en suis sorti j’ai eu des opportunités. Depuis nous sommes toujours restés en contact.
Oui cela a été très vite grâce à FRFP et à son réseau très développé. J’ai été en contact avec plusieurs clubs, dont un club de N2, puis je me suis engagé à Yzeure où je suis resté quatre mois. C’est là que Pascal Bovis, le président du FC Fleury 91, est venu me chercher pour me proposer une collaboration avec cette double approche originale des footballs féminin et masculin. J’ai accepté de relever le défi tout en continuant à travailler pour la SNCF, puis le club m’a proposé de travailler pour lui à plein temps.
Le premier est de se former et de le faire avec FRFP car la qualité de la formation est top. Pour ma part j’avais choisi la formation en présentiel et j’ai vraiment adoré cela. D’ailleurs le seul point négatif de cette période est d’avoir dû l’achever à distance à cause des restrictions liées au covid. Ensuite, bien entendu il faut être un grand passionné de football pour être capable d’ingurgiter une très grande quantité de matchs, parcourir beaucoup de kilomètres et vivre la plupart du temps dans une certaine solitude. Tout cela demande aussi beaucoup d’organisation. Pour ma part j’essaie souvent de concentrer mes week-ends sur une zone précise afin d’optimiser mes déplacements. Généralement je vais faire un match de National 1 le vendredi soir, un match de D1 féminine le samedi à 14h, puis un match de D2, N2 ou N3 à 18h ou 19h et enfin un match de D2 féminines ou N3 le dimanche après-midi. Cela fait quatre matchs par week-end avec en moyenne 500 km de route malgré le ciblage géographique. Et puis dans la semaine, l’observation se poursuit en vidéo. Enfin je dirais qu’un bon recruteur est celui qui sait développer et entretenir un réseau. Ça fait pas mal de choses à maîtriser, mais c’est peut-être aussi ce qui rend ce métier passionnant.