Balance des transferts, le Big 5 passe au crible

15/2/2022

Dans sa lettre hebdomadaire n°367, CIES Football Observatory propose un classement des clubs du Big 5 européen (Premier League, Liga, Bundesliga, Série A et Ligue 1) pour la saison 2021-2022, selon le bilan de leurs opérations financières en matière de transferts sur les dix saisons écoulées. Pour chacun des 98 clubs concernés, l’étude présente les recettes des ventes et les dépenses des achats, le différentiel entre les deux constituant le bilan. Au-delà des chiffres très intéressants qui en découlent, elle démontre toute l’importance du scouting dans le football moderne.

D’un point de vue global, ce classement nous révèle que seulement 47% des actuels clubs du Big 5 européen ont bilan excédentaire en termes de transferts depuis le mercato estival 2012. Parmi eux, 37% sont des clubs français, la Ligue 1 étant le championnat du Big 5 ayant le plus de clubs excédentaires, puisque 17 clubs sur les 20 qui composent notre championnat affichent un bilan positif (soit 85%). À l’inverse, seul Brentford FC est excédentaire en Premier League, où 95% des clubs sont donc déficitaires, tandis que la Série A (40% de clubs excédentaires), la Liga (45% de clubs excédentaires) et la Bundesliga (50% de clubs excédentaires) sont sur une tendance plus médiane.

Sur l’ensemble du Big 5, l’étude nous apprend notamment que 14 clubs européens ont dépensés plus d’un milliard d’euros pour leurs transferts sur la décennie écoulée, dont 5 dépassent le milliard et demi. Manchester City est en tête de ce classement près de 1,7 milliard d’achats de joueurs, suivi par le FC Barcelone (1,63 milliard), Chelsea FC (1,61), Manchester United (1,54) et la Juventus (1,54). Club français le plus dépensier, e PSG (1,44) arrive juste derrière ce top 5. Du coté des recettes en revanche, seulement deux clubs ont dépassé le milliard : Chelsea FC (1,2) et l’AS Monaco (1,1), l’Atlético Madrid (995 millions), le Real Madrid (984), la Juventus (981) et le FC Barcelone (980) s’en approchant fortement.

Huit clubs français font partie du Top 5 des clubs excédentaires au sein du Big 5 depuis 2012.

39 millards d’euros de dépenses depuis 2012 !

Pour ce qui est du bilan, deux clubs français figurent tout en haut du classement. Premier, le LOSC affiche un excédent de 349 millions, et deuxième, l’Olympique Lyonnais est à +247 millions. À l’inverse, Manchester United présente la balance négative la plus importante avec un défit dépassant le milliard d’euros, talonné par son voisin de Manchester City (-984 millions) et par le PSG (-941 millions). Cumulées, les dépenses des clubs du Big 5 depuis dix ans représentent un peu plus de 39 milliards d’euros. Quant aux recettes cumulées, elles se situent juste en dessous des 30 milliards d’euros.

Sans surprise, avec 14,8 milliard d’euros d’achats (soit 38% du total du Big 5), la Premier League est le championnat le plus dépensier de ce classement. Elle est talonnée par la Série A (8,6), la Liga (6,6) et la Bundesliga (5 milliards avec seulement 18 clubs). Sans surprise également, la Ligue 1 (5,1) ferme la marche sachant que près de la moitié de ces achats cumulés concerne les seuls PSG et AS Monaco. Il s’agit des deux seuls clubs français, de très loin par rapport aux dix-huit autres, à dépasser le milliard d’euro de dépenses sur la période 2012-2021.

Le Top 20 des clubs du Big 5 qui ont le plus dépensé depuis 2012 comprend seulement deux clubs français, Paris et Monaco, alors que huit clubs anglais en font partie.

La Ligue 1 clairement tournée vers le trading


Avec 5,35 milliards d’euros de recettes cumulées, notre ligue française vend plus que ce qu’elle n’achète. Elle est la seule ligue du Big 5 dans ce cas. Car si la Premier League (8 milliards), la Série A (7,5) et la Liga (6,1) cumulent plus de ventes, celles-ci restent inférieures aux achats cumulés. Quant à la Bundesliga, elle reste la ligue la moins « vendeuse » du Big 5 avec 4,4 milliards d’euros de recettes (avec seulement 18 clubs), mais cela demeure là-aussi inférieur à ses dépenses globales. Au regard de ces chiffres, on peut constater que la Premier League concentre 80% du déficit cumulé du Big 5 en termes de transferts, ce qui démontre que ce championnat est quasiment sur une autre planète par rapport à ses concurrents depuis dix ans.

Les clubs anglais achètent clairement plus qu’ils ne vendent car ils peuvent s’appuyer sur des ressources bien plus conséquentes en termes de droits tv, de sponsoring et de merchandising, voire également de billetterie quand le covid ne s’en mêle pas. Dans une moindre mesure les championnats espagnol, italien et allemand parviennent également diversifier leurs revenus. En tenant également compte des spécificités fiscales de ces pays, à l’instar de l’Angleterre, clairement moins contraignantes qu’en France, mais aussi d’une plus grande flexibilité financière, avec une possibilité d’endettement plus importante, on comprend que le modèle économique du championnat français est beaucoup plus dépendant du « trading » de joueurs.

Seuls trois clubs de Ligue 1 sont déficitaires sur la décennie 2012-2021.

Le scouting au centre des enjeux


Bénéficiant de ressources inférieures en droits tv, sponsoring et merchandising, à l’exception du PSG qui fait figure d’ovni en Ligue 1, notre championnat n’a aujourd’hui d’autre solution que d’être plus vendeur qu’acheteur sur le marché des transferts. C’est la raison pour laquelle la quasi totalité des clubs français misent désormais sur une cellule de scouting conséquente, ce qui offre de réelle perspectives aux personnes souhaitant se lancer dans les domaines du recrutement et de l’analyse vidéo. Ces métiers ont un réel avenir dans l’Hexagone, mais cela se vérifie aussi dans les autres ligues du Big 5. Si la nécessité de vendre y est inférieure à celle d’acheter, les clubs anglais, espagnols, italiens ou allemands s’appuient aussi sur de solides pôles de recrutement et d’analyse vidéo pour mieux acheter, que l’on parle de joueurs confirmés ou de jeunes joueurs à fort potentiel.

Le besoin de compétences et d’expertise dans l’observation et le reporting est donc généralisé au football de haut niveau, mais aussi dans les divisions inférieures qui tendent à se professionnaliser ou à se perfectionner saison après saison. C’est pour répondre à ce besoin constant et croissant que l’école FRFP a été fondée en 2018 et a depuis formé plus d’une centaine d’étudiants recruteurs et analystes vidéo, qui oeuvrent au sein des clubs français, mais aussi à l’étranger ou auprès de sélections nationales. Une démarche qui a permis de bâtir le plus important réseau français en la matière et de positionner la formation au centre des enjeux pour ces deux métiers incontournables du football moderne.


Le recrutement et/ou l’analyse vidéo vous intéressent ? N’hésitez pas à découvrir nos différentes formations ainsi que les différentes possibilités qui s’offrent à vous pour les suivre.

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