Le match nul vierge contre la Jamaïque lors du premier match était décevant, mais on s’est rendu compte ensuite que ce n’était pas un si mauvais résultat contre une équipe qui a éliminé le Brésil. C’est d’ailleurs contre le Brésil que la France a réussi son match référence, avant de confirmer face au Panama qui était l’équipe la plus faible du groupe. Quand on voit toutes les surprises de ce premier tour, avec les éliminations du Canada, champion olympique en titre, de l’Allemagne et du Brésil, sans oublier que les Américaines sont passées très près de l’élimination face au Portugal, avant de se faire sortir par la Suède en 8es de finale, on peut considérer que jusqu’ici les Bleues réalisent un bon parcours. Maintenant il faut le confirmer face au Maroc.
Je ne suis pas quotidien avec l’équipe donc c’est assez difficile à dire, mais on voit déjà qu’il a apporté sa personnalité et probablement un approche différente dans la gestion du groupe. Son expérience des grandes compétitions, notamment la dernière Coupe du Monde masculine, a probablement apporté aussi à la sélection. Pour l’instant, il est au rendez-vous des 8es, avec une belle carte à jouer face au Maroc et éventuellement l’Australie en cas de qualification pour les quarts de finale.
Il a eu les mots qu’il fallait pour gagner le match. La France a fait une très belle rencontre face au Brésil, l’équipe était cohérente à tout point de vue. Il a utilisé les bons termes, avec son intonation. C’était discours motivationnel, on sait qu’Hervé Renard est bon dans cet exercice.
L’équipe de France en a les moyens. Malgré leur défaite contre les Australiennes lors du dernier match de préparation, je pense que les Bleues ont largement les capacités de battre cette équipe. Mais faisons les choses dans le bon ordre en pensant d’abord à ce match contre le Maroc, une équipe qui a tout de même gagné deux rencontres contre la Corée-du-Sud et la Colombie et terminé devant l’Allemagne. Ce n’est pas rien et il faut prendre ce match très au sérieux. On a vu ce lundi que l’Angleterre a failli passer à la trappe contre le Nigéria…
D’un point de vue global, on constate une belle évolution, avec des sélections de plus en plus structurées, ce qui peut expliquer les nombreuses surprises du premier tour. On voit aussi que les nations européennes sont toujours dominantes, même si les États-Unis ont remporté les deux précédentes éditions. Les Pays-Bas, la Suède, l’Espagne et l’Angleterre seront au rendez-vous des quarts de finale, en espérant que la France les rejoignent on pourrait avoir cinq nations européennes dans le top 8. On voit aussi une belle montée en puissance des nations africaines avec trois équipes sur quatre qui ont atteint les 8es de finale (Afrique-du-Sud, Nigéria et Maroc, tandis que la Zambie a terminé troisième du groupe C).
Oui, mais avec la conviction que cela doit continuer d’évoluer, que l’on peut faire encore beaucoup mieux et éviter certains buts casquettes que l’on a encore pu voir dans cette compétition. On voit émerger d’excellentes gardiennes, notamment la gardienne suédoise, Zecira Muzovic, qui a réalisé une énorme performance conte le Brésil, mais on manque encore d’homogénéité à ce poste. Le football féminin connaît actuellement une évolution à tous les niveaux, on ne peut pas non plus trop en demander, mais je pense que le poste de gardienne est l’un des secteurs qui doit et qui peut continuer à progresser et évoluer.
« Kadi » Diani, pour l’avoir affrontée en championnat de France, je pense qu’elle est beaucoup plus forte et plus à l’aise sur un côté que dans l’axe. On lui demande de jouer en pointe, d’apporter de la profondeur, elle est professionnelle et elle le fait, mais elle est quand même beaucoup plus efficace et dangereuse sur l’aile droite. Je n’ai aucun doute qu’elle retrouvera ce poste à Lyon après la Coupe du Monde. Maintenant, quand on parle de son tandem avec Eugénie Le Sommer, on parle quand même d’une association comprenant deux des meilleures attaquantes de la planète. Diani apporte sa technique et sa puissance vers l’avant, Le Sommer évolue en électron libre et décroche beaucoup. Au fil des matchs des automatismes ont pu se créer. Il en faudra d’ailleurs face au Maroc qui devrait je pense proposer un bloc défensif très bas et compact. Pour résumer, je trouve dommage qu’on n’ait pas cherché plus tôt à vraiment compenser l’absence de Marie-Antoinette Katoto avec des joueuses de métier à ce poste. Après, Hervé Renard n’est arrivé que fin mars à la tête de l’équipe et je pense que son idée est de tirer le meilleur parti de son effectif en s’appuyant sur ses deux meilleures joueuses.
Depuis 2019 et la précédente édition organisée en France, on sent une montée en puissance globale dans l’intérêt porté au football féminin. Le grand public s’y intéresse de plus en plus alors qu’auparavant on ne voyait que les garçons ou presque. Je le ressens à mon niveau. Les gens me parlent beaucoup plus du football féminin que par le passé. Forcément, si l’équipe de France réalise un grand parcours cette année, cela va permettre de garder ce bel élan.
Disons que le problème reste le financement. Dans le football féminin, on ne manque pas d’idées pour faire évoluer les choses. Alors avec des idées on avance, mais avec des moyens on le fait beaucoup plus vite et on va beaucoup plus loin. Ces financements, on constate actuellement que les pays voisins les mettent en place, notre D1 Arkema reste encore la référence en Europe en termes de niveau. On ne va pas se le cacher, l’apport de clubs comme l’OL et le PSG y est pour beaucoup, mais on voit que les autres clubs travaillent de mieux en mieux à l’image du Paris FC, de Montpellier ou de Fleury.
Professionnaliser le championnat va lui donner un nouvel élan, mais ce qui est pour moi primordial c’est que nos équipes jouent dans de grands stades, comme c’est le cas au Havre avec le Stade Océane. Évoluer dans ces stades permet de mettre en valeur le football féminin, de créer un vrai engouement et donc un contexte plus propice aux investissements.
Gagner un premier titre ça aiderait forcément, mais on est dans l’hypothèse en disant cela. Passons déjà le Maroc, puis éventuellement l’Australie avant de se projeter. Ce qui est certain, c’est qu’après l’épisode malheureux autour du départ de Corinne Diacre, cela remettrait l’équipe de France féminine dans une spirale très positive à un peu moins d’un an des JO 2024. Pour l’instant, Hervé Renard amène quand même un vent de fraicheur, et s’il parvient à conduire son équipe dans le dernier carré, l’engouement sera encore tout autre. Mais n’allons pas trop vite en besogne.