Je joue encore dans l’équivalent du niveau National 1 en Suisse, à la Juventus de Zurich. En parallèle je fais un peu de scouting après m’être formé pour cela auprès de l’école FRFP.
Après Andorre je voulais revenir en France pour suivre la formation FRFP, c’est comme ça que je me suis retrouvé à Besançon. Une fois celle-ci achevée, je devais retourner en Suisse pour me rapprocher de ma famille qui y est installée.
J’ai toujours été intéressé par ça. J’aime bien observer les joueurs, superviser un match, je trouve ça passionnant. Et par le passé, à chaque fois que je me disais qu’un joueur avait le potentiel pour exploser, cela se passait. Et puis moi-même je suis venu au foot pro grâce à un scout qui m’a repéré. Je me suis dis que ce serait bien de prendre la relève et de donner à mon tour la chance à de jeunes joueurs d’aller vers le haut niveau.
Oui, d’autant plus que cela s’est quasiment toujours bien passé dans ces clubs. J’ai gardé des contacts partout où je suis passé donc c’est vrai qu’avant même d’avoir commencé ce métier à plein temps j’ai déjà un réseau sympa. Mais pour l’instant j’ai décidé de me focaliser sur la Suisse. J’y vais pas à pas, je suis encore en apprentissage.
À l’époque on n’avait pas trop de conseils pour les jeunes qui intégraient l‘équipe première. Quand on passe de la réserve aux pros, le rythme change complètement et on peut faire des erreurs si on n’est pas ou mal accompagné. Aujourd’hui c’est quand même plus cadré qu’à mon époque. Mais je n’ai pas de regrets. Si c’était à refaire je le referais, j’ai appris un peu tout seul, mais ça m’a permis de grandir et de mûrir tout simplement.
Grâce à un ami qui a une société qui aide les joueurs professionnels en fin de carrière à s’orienter vers la bonne reconversion. C’est lui qui m’a convaincu de faire cette formation. Et puis quand je les ai contactés, j’ai retrouvé Souleymane Camara que j’avais connu à Monaco. Aujourd’hui il est manager de l’association du Red Star, mais aussi co-fondateur de FRFP. Connaissant ses qualités et son expérience de recruteur, je savais que je serai entre de bonnes mains et je n’ai pas hésité une seconde.
Tellement de choses ! J’ai vraiment été surpris car effectivement quand tu es joueur tu vois les choses de l’intérieur et tu peux penser connaître le système. Mais la formation m’a fait découvrir beaucoup d’aspects que j’ignorais sur le fonctionnement d’un club. J’en suis ressorti avec une vision complètement différentes. Cela m’a appris des choses que je savais sans vraiment le savoir. C’est difficile à expliquer, mais disons que cela a structuré mon approche en tenant compte de beaucoup de détails qui m’échappaient. Je ne pensais pas qu’en étant recruteur il fallait tout analyser, de l’historique du club au relationnel, mais aussi savoir comment se comporte un joueur sur le terrain comme en dehors pour évaluer sa compatibilité avec un club. Quand on repère un joueur il faut vraiment être sûr qu’il correspond au profil recherché par le club ou à ce que recherche l’entraîneur. Il ne faut rien laisser au hasard, c’est très technique et c’est en ce sens que cette formation est indispensable à mes yeux pour quiconque voulant entrer dans le scouting.
Cela peut être les deux, mais pour l’instant je suis plus dans la deuxième approche. Je pense qu’il y a beaucoup de joueurs amateurs en France qui peuvent espérer faire une belle carrière en Suisse. Durant mon passage à Besançon j’ai découvert de bons joueurs dans mon équipe. En évoluant avec eux j’ai pu les observer de près et finalement j’en ai orienté trois vers la Suisse et aujourd’hui ils évoluent au niveau National.
Forcément cela ne fait jamais plaisir de perdre des joueurs. Mais d’un autre côté ils ne sont pas partis pour évoluer au même niveau. Ils étaient en N3 en France et évoluent maintenant au troisième échelon en Suisse, avec un statut semi-professionnel. Peut-être même qu’ils deviendront professionnels là-bas. Au final ils réalisent leur rêve de vivre du football et avoir contribué à cela me conforte dans ma décision de m’investir dans le scouting.
C’est exactement ça. Cette double approche m’a beaucoup apporté, j’ai pu m’exercer en live, tester ma crédibilité auprès des clubs que j’ai pu contacter puis rencontrer.
Complètement. Il y a pas longtemps on s’est appelé avec Souleymane et il m’a mis en contact avec un ancien élève de FRFP qui vit aussi en Suisse. Du coup nous nous sommes connectés et nous commençons à collaborer. C’est super intéressant de partager avec un autre élève, chacun à son idée et on trouve la meilleure solution pour tomber d’accord sur un joueur et le club potentiel qui pourrait le recruter. Aujourd’hui nous sommes au début du chemin, mais si notre travail est bon notre réputation va évoluer.
Quand je sens qu’il y a de la confusion, je précise toujours que mon rôle de scout se concentre sur la question sportive et pas financière. Ça c’est justement le rôle de l’agent, mais il n’est pas indispensable à mes yeux. Quand j’ai commencé ma carrière de joueur j’ai eu un agent attitré, mais je m’en suis vite passé et par la suite je n’ai eu que des mandats durant les périodes de transferts pour lesquelles j’étais sur le marché, et seulement quand je ne pouvais pas faire autrement. Aujourd’hui je vous avoue que j’essaie d’éviter les agents car cela complique beaucoup les choses, et comme je débute c’est plus simple pour moi. Mais en réalité ce sont deux métiers complémentaires et ce n’est pas pour rien que beaucoup d’agents collaborent avec des recruteurs. Les premiers gèrent les questions administratives, les contrats, les autres sont sur le terrain et se concentrent sur le talent des joueurs en essayant de le faire matcher avec les besoins d’un club.
Il y en a mais la grande différence entre les joueurs suisses et les joueurs français se fait quand les difficultés arrivent. En Suisse les joueurs qui ne réussissent pas rapidement à intégrer le giron professionnel ont tendance à vite lâcher l’affaire et à se tourner vers les vie active classique. Il faut dire aussi que les salaires sont en général plus élevés en Suisse qu’en France. Chez nous c’est un peu le contraire. Des gars qui ne signent pas pro dans leur club formateur tentent très souvent de se relancer au niveau amateur. Il y a aussi des joueurs qui ne sont jamais passés par un centre de formation qui parviennent à devenir pro par la suite. Aujourd’hui ce sont ces jeunes que je vise. Des gars qui ont le désir d’y arriver même si ce n’est pas facile. Et je suis content car je sens que cette approche fonctionne bien.
Tant que je prendrai du plaisir sur le terrain je continuerai, tout en faisant cela à côté pour préparer l’avenir. Pour l’instant mon corps me permet de continuer à faire ce que j’aime le plus, c’est à dire jouer au foot. C’est quand même l’un des plus beaux métiers du monde ! Et comme au niveau où je suis actuellement j’ai l’opportunité de faire aussi du scouting, je double le plaisir. Si j’étais à un niveau au-dessus cela serait plus compliqué.
Il y a eu des approches suite à des matchs amicaux que nous avons fait contre des clubs professionnels cet hiver, mais rien de vraiment concret. Si cela le devient, je ne refuserai pas par principe. Je suis toujours joueur donc si on me propose d’évoluer à un meilleur niveau ça reste intéressant. Mais déjà je vais me focaliser sur mon équipe actuelle. Nous avons débuté la seconde phase du championnat il y a deux semaines et je compte bien aider la Juventus à atteindre ses objectifs.
Marseille c’est mon enfance, c’est le Burel, les équipes de jeunes de l’OM, les Caillols, Vivaux-Marronniers… Je n’ai pas oublié ces clubs qui m’ont permis de grandir et mon objectif c’est d’y revenir pour y dénicher les talents de demain. Il y en a tellement. Les aider à entrer dans un centre et à émerger au plus haut niveau c’est un objectif important pour moi.