Guillaume Duriatti : "60% d'organisation, 40% d'observation"

14/10/2021

Comment êtes-vous arrivé dans le monde du scouting / recrutement?

Ça date (sourires). J’étais joueur, j’ai eu un problème de santé à l’âge de 16 ans qui m’a forcé à arrêter. Ensuite, on m’a proposé une place dans la cellule de recrutement à Strasbourg, là où je devais m’engager. On m’a dit de faire mes preuves et qu’on trouvait que j’avais un bon œil. J’avais 18 ans à ce moment-là. J’ai commencé chez les jeunes puis au bout de deux ans on m’a appelé chez les professionnels car je maîtrisais deux langues. Je suis resté trois à Strasbourg, puis presque 13 ans au Stade Rennais, de 2006 à 2018.

Comment avez-vous vécu cette période de deuil de la pratique du foot ?

C’était dur mais en même temps j’ai passé plus de six mois à l’hôpital. On a un peu la tête dans le guidon, on ne sait pas trop de quoi sera fait le lendemain, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Ce n’était pas simple. La chance que j’ai eu c’est que j’ai pu rapidement intégrer la cellule de recrutement du RCSA. On n’est plus directement sur le terrain mais on reste proche.

Contrairement à aujourd'hui il n'y avait pas de formation structurée à vos débuts pour devenir recruteur. Votre métier évolue...

Effectivement, je n’ai pas suivi de formation, j’ai tout appris sur le tas. Après, le métier de recruteur, il y a quand même un feeling qui est important. Il est développé par son passé de footballeur, mais aussi sa vision du football et par ses sensations d’un point de vue visuel. Mais les formations comme celles proposées par FRFP sont très intéressantes, c'est un vrai plus. J'ai d'ailleurs participé à une session en tant qu’intervenant et j'ai trouvé très intéressant de  partager mon parcours avec les aspirants recruteurs. Il faut comprendre que c'est un métier passionnant, mais qui demande beaucoup de sacrifices. On voyage beaucoup, on est peu souvent à la maison et surtout on travaille dans l'ombre. Moi cela me convient parfaitement car je n'aime pas être dans la lumière. Souvent les gens imaginent qu’on va juste sur un match de foot, faire un rapport et basta, mais ça ne se passe pas du tout comme ça.

"En moyenne, c’est 6 matches par week-end"


En quoi consiste concrètement votre métier au quotidien ?

Il faut savoir que le métier de recruteur, si on le fait bien, c’est 60% d’organisation et d’anticipation et 40% d’observation. En termes d’organisation, quand on n’est pas sur les terrains, on est chez soi ou au bureau si on habite proche du club, et on enquille des matches en vidéo. On prend les devants, on note les joueurs qui sont intéressants. Ensuite, on se déplace pour voir le joueur car on ne peut pas faire un recrutement sur une vidéo, c’est beaucoup trop risqué. Il faut aller suivre le garçon plusieurs fois. En moyenne, c’est 6 matches par week-end (un le vendredi soir, un le lundi, deux le samedi, deux le dimanche).

Vous avez quitté le Stade Rennais en juin 2018 ? Quelle est, aujourd’hui, votre situation professionnelle ? Toujours sans club ?

A Rennes, j’étais responsable de toute la partie Europe Centrale donc forcément pour garder mon réseau et pour être prêt quand je retrouverai un club, je continue à aller voir des matches, mais à mes frais. Aujourd’hui, j’ai deux projets de reprise intéressants qui devraient voir le jour avant la fin de l’année. Je travaille avec les potentiels repreneurs, on travaille en amont.

Si vous aviez quelques mots à donner à des personnes qui hésitent à franchir le pas et embrasser ce métier de recruteur, quels seraient-ils ?

Il faut bien comprendre ce qu’est le métier. Souvent on s’imagine que c’est un métier où la vie est belle, on voyage beaucoup, on voit du pays, du monde, des matches. Il ne faut pas non plus penser qu’on va au Stade de France, à San Siro ou au Parc des Princes, on va plutôt voir des matches à Lucerne, Vienne, Bratislava (sourires) c’est plus ça le métier. Il y a quand même des sacrifices, mais quand on aime le football c’est un régal. Quand on aime découvrir, dénicher, voir le potentiel des joueurs dans certains pays, il y a vraiment moyen de s’éclater mais il faut savoir où on met les pieds.

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