Le TFC à l'heure de la data

23/3/2022

Un retour de Toulouse dans l'élite serait une juste récompense au vu du travail accompli depuis bientôt deux saisons. Le club de la ville Rose avait besoin de renouveau après le départ d'Olivier Sadran, l'arrivée de Damien Comolli choisi par le nouvel actionnaire américain RedBird Capital Partners pour présider l'institution a été salutaire. Fin connaisseur du foot et du milieu, le dirigeant a souhaité impulser une nouvelle dynamique dès son arrivée. Ce que j'ai essayé de faire au départ, c'est de structurer le club comme un club de haut niveau mais avec des moyens limités d'un club de L2, explique-t-il en préambule dans la série "Ultra Violets", dont les caméras sont parties en immersion dans les coulisses du TFC.

Pour être en mesure de développer un football offensif en adéquation avec sa philosophie du foot et celle des supporters toulousains, l'ancien directeur sportif de Liverpool, Tottenham ou encore Fenerbahce s'est fait une réflexion : "Si on fait la même chose que les autres sans le même argent que les autres, on n'y arrivera pas." Alors, il a pensé à une approche différente pour se démarquer de la concurrence. Celle d'utiliser les datas pour scouter des joueurs capables de s'imbriquer parfaitement dans son projet et au sein du championnat de Ligue 2. S'il s'agit d'une voie rare dans le football actuel (Liverpool est amené à le faire aussi), c'est bien comme ça que le TFC a recruté ses meilleurs éléments et tauliers du vestiaire en passe de ramener le club en Ligue 1.

Healey, Spierings et Van den Boomen, les délicieux fruits d'un scouting basé sur les datas

Pour structurer au mieux sa nouvelle stratégie, le club a nommé un responsable des donnés du football au début de l'ère RedBird. "Le processus de recrutement part toujours de la data, affirme Julien Desmeaux. Cet ancien analyste des données pour une boîte de consultants, qui a aussi été employé d'Airbus Group où il travaillait sur les simulateurs de vols est devenu l'un des rouages très importants du TFC. On couvre une soixantaine de championnats différents qui passent dans des algorithmes pour comprendre ce que fait de bien et moins bien un joueur. Ca nous aide aussi à trouver les joueurs qui sont peut-êtres sous-évalués sur le marché, moins valorisés pour X raisons." éclaircit-il.

Sans les citer indirectement à cet instant précis, Desmeaux songe à Stijn Spierings, Branco Van den Boomen et Rhys Healey. Inconnus au bataillon jusqu'à leur arrivée simultanée à l'été 2020 en France, les deux milieux néerlandais et l'attaquant anglais sont devenus des pièces maîtresses du dispositif de Philippe Montanier. Avant Toulouse, le premier jouait au Levski Sofia, le second à De Graafschap en D2 Hollandaise tandis que le Britannique débarquait de League One (D3 Anglaise). Autrement dit, de presque nulle part.

Un an et demi plus tard, Spierings est le joueur qui possède le pourcentage le plus élevé de passes réussies en Ligue 2, Van den Boomen, maître dans l'art des coups de pieds arrêtés, est le meilleur passeur du championnat avec 18 offrandes auxquelles il faut ajouter 12 buts et Healey est le meilleur buteur de l'antichambre avec 15 réalisations. "Pour Stijn par exemple, on cherchait un numéro 6 capable de construire le jeu, de ressortir le ballon proprement, indique Julien Demeaux, séduit par le profil de celui qui évoluait en D1 bulgare. Pas quelqu'un qui va uniquement au duel. Il était au Levski Sofia, un championnat où on n'a pas beaucoup de données donc on a regardé des plus anciennes. On a considéré qu'il était capable de nous amener ce qu'on voulait." Son profil a ainsi été validé par la "translation" un système dans l'algorithme utilisé par le club pour son scouting qui permet selon Comolli de dire : "Si ce joueur sort de D2 Hollandaise, il va performer de telle manière en Ligue 2." On a désormais hâte de voir quels talents du football passés entre les mailles le TFC est capable de dénicher pour performer et pourquoi pas devenir une place forte du football en Ligue 1.

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