Massimo Saporito : "FRFP nous a donné les clés, à nous d’ouvrir les portes"

Belge d’origine italienne, fan de Roberto Baggio et de la Juventus de Turin, Massimo Saporito a choisi FRFP pour se former au scouting durant l’automne 2023. Sitôt diplômé il a mis ses compétences au service de l’académie privée Global Sport Development et de la RAAL La Louvière, club wallon en plein essor qui vise actuellement l’accession au deuxième échelon du football belge. Massimo a accepté de témoigner sur son expérience de formation et sur son parcours plutôt atypique qui démontre que le métier de recruteur est ouvert et accessible à tous.

Massimo, quel ton lien avec le football ?
Cette passion du football me vient de Roberto Baggio. J’avais 9 ans lors de la Coupe du Monde 1994, c’était l’un des meilleurs joueurs du monde et je pense qu’il demeure encore aujourd’hui l’un des génies de ce sport. Quand j’étais enfant un problème de santé m’a empêché de jouer au football, mais j’ai toujours été accro de ce sport.

Une passion que tu as transmise à tes enfants…
Exactement. Je précise quand même qu’après avoir évolué à un bon niveau au basket jusqu’à 18 ans, j’ai quand même décidé de jouer au football vers l’âge de 21 ans. J’ai d’abord fait un peu de futsal, puis vers 24/25 ans j’ai créé un club avec mon oncle. J’y étais à la fois joueur et un peu homme à tout faire au niveau administratif. Cela a plutôt bien marché car nous sommes montés de deux niveaux et c’est à cette époque que j’ai commencé à me projeter et me dire que j’aimerais bien un jour manager un club. J’ai pris du recul quand mon premier garçon est né, mais cette aventure a été assez fondatrice pour la suite. Et puis comme tu l’as souligné, j’ai transmis cette passion du football à mes enfants.

Je trouve que la plupart des clubs ont du mal à se projeter. Ils jugent beaucoup les jeunes sur leur niveau à l’instant T, mais rarement sur leur potentiel à plus ou moins long terme.

C’est en les suivant sur le bord des terrains que tu as commencé à t’intéresser au scouting ?
Quand mon premier garçon a commencé à jouer j’ai aidé son club à différents niveaux durant quatre ans. Puis il est passé au sein d’un club élite et c’est vraiment à cette période que j’ai pu me rendre compte de l’importance du scouting dans le football de haut niveau. J’avais toujours en tête cette idée d’être manager un jour et je me suis dit que passer par le scouting pouvait être une très bonne école pour cela. J’ai donc commencé à faire quelques recherches dans l’idée de me former au recrutement.

Tu es Belge, mais tu t’es tourné vers la France pour te former, pour quelle raison ?
J’ai regardé ce qui était proposé en Belgique dans ce domaine et j’ai trouvé cela trop superficiel. J’ai donc regardé ce qui se faisait en France. J’ai trouvé une première école qui proposait une formation de recruteur, mais je n’ai pas été convaincu. Puis j’ai découvert FRFP par le biais d’une intervention de l’un des ses fondateurs, Souleymane Camara, dans un reportage télévisé. Dans la foulée j’ai contacté un conseiller de l’école et cette fois-ci tout était très clair pour moi et j’ai décidé de m’inscrire.

Massimo Saporito a effectué sa formation FRFP en e-learning+présentiel avec la promotion de septembre/novembre 2023, ici présente à Charléty pour un match du Paris FC en Ligue 2 BKT.

Qu’est-ce qui t’a convaincu de la nécessité de te former ?
D’une part j’en avais besoin car n’ayant jamais joué au football à haut niveau, il me manquait une fine connaissance du jeu. J’avais pu m’en rendre compte en remplaçant occasionnellement les coachs de mes enfants. J’arrivais à motiver les gamins, mais il me manquait la pédagogie sur les aspects technique et tactique. D’autre part, malgré mes lacunes, en suivant mes enfants j’ai aussi pu me rendre compte de pas mal d’incohérences dans l’approche de personnes qui se disent recruteurs sans en avoir vraiment les compétences. Même dans un niveau élite, on est quand même beaucoup dans l’amateurisme, du moins de ce que j’ai pu observer en Belgique. Je trouve que la plupart des clubs ont du mal à se projeter. Ils jugent beaucoup les jeunes sur leur niveau à l’instant T, mais rarement sur leur potentiel à plus ou moins long terme. Moi ce qui m’intéresse c’est justement d’arriver à évaluer jusqu’où un jeu peut aller et ce que l’on peut faire pour l’aider à s’épanouir et exploiter son potentiel.


Bien que vivant en Belgique tu souhaitais effectuer la formation en e-learning + présentiel. Quel feedback peux-tu nous faire de cette expérience ?
Dès mes premiers contacts avec l’école, j’ai été très attiré pour cette formule car je voulais me rapprocher au maximum de la réalité du terrain pour ressentir au détail pris ce que l’on attend d’un scout. Le fait que les sessions de présentiel soient organisées le week-end me permettait aussi d’allier la formation avec ma vie professionnelle. Et personnellement, cela m’a aidé à cadrer mon apprentissage ce que j’aurais eu plus de mal à faire avec le seul e-learning, même si pouvoir travailler à distance était aussi très pratique. En fait, j’ai trouvé cette formule idéale pour moi et je dois aussi dire que sur le plan humain c’était un vrai plus de rencontrer les formateurs et les autres étudiants avec qui j’ai eu un super feeling. Nous nous sommes d’ailleurs liés avec les autres et nous échangeons régulièrement.

Avant, j’étais un supporter, j’étais dans l’émotion. Aujourd’hui je regarde tous les détails, j’analyse le jeu des joueurs en fonction de leur poste. Si c’est un défenseur central je me concentre sur ses déplacements, l’orientation de ses épaules, sa connexion avec les autres défenseurs…

Tous nos étudiants recruteurs nous confient que la formation modifie leur vision du football, qu’en a-t-il été pour toi ?
J’ai ressenti exactement la même chose.  Je ne regarde plus les matchs comme avant. Avant, j’étais un supporter, j’étais dans l’émotion. Aujourd’hui je regarde tous les détails, j’analyse le jeu des joueurs en fonction de leur poste. Si c’est un défenseur central je me concentre sur ses déplacements, l’orientation de ses épaules, sa connexion avec les autres défenseurs… Est-ce qu’il couvre bien son latéral, comment légère la profondeur… Quand je suis mes enfants, j’essaie tout de même de me détacher de cela et de rester le simple papa qui soutient ses enfants. Mais le reste du temps, je suis dans l’analyse. Même devant les matchs de la Juventus je n’ai plus la même attitude. Avant je bouillonnais, je me mettais en colère, aujourd’hui je suis beaucoup plus calme. C’est moins sympa pour le côté supporter, mais je comprends beaucoup mieux le jeu.

Cette compréhension tu la mets aujourd’hui au service d’une académie privée, Global Sport Development, mais aussi d’un club, la RAAL La Louvière. Peux-tu nous en plus sur ces deux collaborations ?
L’une comme l’autre sont arrivées par le biais de mes enfants et de discussions informelles au départ. Pour Global Sport, mes enfants y étaient depuis un an. C’est une académie qui a été créée par deux anciens joueurs professionnels belges qui souhaitaient développer une approche éducative plus personnalisée qu’au sein d’un club en travaillant sur le bases : la psychomotricité, la technique, la tactique, avec une approche évolutive en fonction de l’âge. J’apprécie beaucoup leur travail et en discutant avec les fondateurs, nous avons ils ont vu en moi un bon représentant de leur académie pour la partie détection dont je suis devenu le responsable. Pour ma part je trouvais que cela collait bien avec mon projet de scouting et management sportif. Ils étaient au courant de la formation que je suivais avec FRFP et dès que j’ai obtenu la certification nous avons commencé à travailler ensemble.

À peine sa formation achevée, Massimo est devenu le responsable scouting de l’académie Global Sport Development et œuvre aussi au sein de la RAAL La Louvière.

Et pour la RAAL ?
Mes enfants évoluent dans les équipes de jeunes de ce club qui est en plein essor à tous les niveaux et suite à un échange que j’ai eu avec un éducateur du club, celui-ci m’a présenté le directeur sportif. Nous avons ainsi eu l’occasion de discuter du projet du club et j’ai pu partager ma vision des choses sur le plan du recrutement. Je lui ai proposé mes services en tant que bénévole et il m’a donné carte blanche pour faire du scouting aussi bien chez les jeunes que chez les professionnels. De mon côté cela me permet de mettre à l’épreuve les compétences acquises en formation et du leur cela contribue à structurer l’activité de scouting au sein d’un club qui se professionnalise et qui sera bientôt au deuxième niveau du football belge, ce qui n’est pas rien. Je suis encore novice dans ce milieu, je ne l’oublie pas, mais j’ai appris beaucoup de choses avec FRFP et j’ai aujourd’hui une expertise à faire valoir. Je fais tout cela en plus d’une activité professionnelle déjà bien chargée, mais ça me passionne et je suis très heureux de cette évolution des choses.

Justement, pour achever cet entretien, quel conseil donnerais-tu à celles ou ceux qui hésitent encore à se former au scouting ?
La première chose c’est de se poser les bonnes questions dès le départ sur l’investissement que l’on est prêt à avoir. Il faut être prêt à passer beaucoup de temps au bord des terrains. Même en ayant été prévenu de cela, j’ai été étonné. Donc si on n’est pas réellement passionné par le football, mieux vaut faire autre chose que du scouting. Si on est certain de cela, il ne faut pas hésiter à se former car cela apporte beaucoup sur la méthode et le savoir-faire indispensable au scout moderne. J’ai beaucoup apprécié cette période d’apprentissage avec la team FRFP et en plus cette formation m’a permis d’intégrer un vrai réseau professionnel, à commencer par mes collègues de promotion. Maintenant c’est à nous de jouer, d’aller de l’avant et de faire preuve d’ambition. FRFP nous a donné les clés, à nous d’ouvrir les portes.

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