Erina Hove : "Le football peut et doit gagner en diversité"

Diplômée en psychopathologie et criminologie, Erina Hove travaille au sein de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), mais elle nourrit aussi depuis l’enfance un véritable amour pour le football. C’est ce qui a poussé cette jeune femme à aller au-delà de sa passion en se formant au scouting avec FRFP. Après avoir obtenu sa certification en décembre 2023, elle a accepté de nous parler de son expérience dans un témoignage très inspirant.

En préambule de cet entretien, peux-tu nous dire comment t’es venue cette passion pour le football ?
Je ne me souviens même plus… J’ai aimé le foot très jeune, mais je ne l’ai jamais pratiqué en club. Étant assez petite, ma mère estimait que j’étais trop fragile. Elle avait peur que je me blesse. C’est surtout en regardant des matchs en famille que j’ai commencé à nourrir une vraie passion pour ce sport. Et puis sans vraiment savoir pourquoi, bien que vivant dans le Pas-de-Calais, je suis devenue fan de l’OM.

Pourquoi l’OM plutôt que le RC Lens ?
C’est vrai que cela peut être surprenant. Je suis d’une petite ville, Bruay-la-Bruissière, qui est située à une trentaine de kilomètres de Lens, mais à la fin des années 2000 les Sang et Or n’étaient pas au top au contraire de l’OM qui jouait les premiers rôles en Ligue 1. Beaucoup de jeunes de Bruay avaient un maillot de l’OM, ils étaient fan de Brandao, de Gignac… Et moi aussi j’ai accroché. J’aimais les couleurs de l’OM et encore plus l’ambiance du Stade Vélodrome. À partir de là, le foot est devenu ma grande passion.

On met en avant les entraîneurs, les directeurs sportifs, les agents… Mais on ne parle quasiment jamais des recruteurs. Et pourtant ils jouent un rôle clé dans ce sport.

Tu ne t’es donc pas limitée à l’OM…
Non, c’était plutôt un point de départ. J’ai commencé à regarder tous les matchs de Marseille, puis de fil en aiguille je me suis intéressée à la Ligue 1 plus largement, puis à la Premier League, la Bundesliga. J’aimais beaucoup suivre le Borussia Dortmund dont le jeu me plaisait. Et puis forcément je me suis aussi intéressée au football féminin et par la suite, travaillant dans l’éducatif je me suis également beaucoup intéressée au football de jeunes.

C’est ce qui t’a donné envie d’aller plus loin et de te former au scouting ?
Exactement. En fait, de la manière dont je suivais le football, je faisais un peu de scouting sans vraiment le savoir. Puis en discutant de foot avec des collègues de travail, on s’est mis à parler de recrutement et on a commencé à regarder sur Internet ce qui se disait sur le métier de scout. Il n’y avait pas énormément d’infos et très vite FRFP est ressorti de nos recherches et c’est comme ça que j’ai découvert que l’on pouvait se former.

Contribuer au développement du football féminin en permettant à de jeunes footballeuses talentueuses d’accéder au haut niveau est l’un des souhaits d’Erina.

Comment as-tu décidé de te lancer dans la formation de recruteur proposée par FRFP ?
Après cette première découverte, j’ai suivi FRFP sur les réseaux, puis je me suis rendu sur le site, j’ai parcouru plusieurs articles sur le blog et j’ai décidé de contacter l’école pour obtenir un rendez-vous téléphonique afin d’en savoir plus sur la formation. Durant ce call, un conseiller FRFP m’a expliqué en détail en quoi consistait la formation, j’ai obtenu des réponses aux questions que je pouvais encore me poser, sur les compétences à acquérir, la certification, les perspectives post-formation. C’est là que j’ai décidé de me former.

Qu’est-ce qui t’a accrochée dans ce métier de recruteur ?
C’est ce paradoxe entre la discrétion et l’importance de ce métier dans le football de haut niveau. On met en avant les entraîneurs, les directeurs sportifs, les agents… Mais on ne parle quasiment jamais des recruteurs. Et pourtant ils jouent un rôle clé dans ce sport. Moi ce que j’aime c’est regarder des matchs, essayer de les analyser, découvrir des joueurs ou des joueuses. Et ne pas trop être mise en avant me va très bien également donc ce rôle me convient très bien, il englobe tout ce qui me plaît dans le football.

Classer des joueurs, comprendre les critères, les profils, faire des groupements de qualités, rédiger des rapports clairs et efficaces… La formation m’a apporté toute la méthodologie du scouting et m’a permis de structurer mes connaissances.

Que t’a apportée la formation recruteur FRFP que tu ne soupçonnais pas avant de l’effectuer ?
Je n’imaginais pas à quel point le scouting repose sur l’observation des matchs, et surtout sur le nombre de matchs qu’un scout est amené à observer. Au départ je pensais que le scout s’appuyait essentiellement sur des agents de son réseau, qu’il les appelait pour avoir des infos sur tel ou tel joueur. Alors oui, c’est toujours intéressant de créer et d’utiliser le réseau quand on est recruteur, c’est même très important, mais se faire son propre avis en observant des matchs, se construire une base de données solide, ça l’est encore plus. C’est essentiel pour maîtriser son sujet et sans se former on ne peut déjà pas le savoir et encore moins savoir le faire. Classer des joueurs, comprendre les critères, les profils, faire des groupements de qualités, rédiger des rapports clairs et efficaces… La formation m’a apporté toute la méthodologie du scouting et m’a permis de structurer mes connaissances.

Tu as obtenu ta certification en décembre 2023, quelles sont tes aspirations pour la suite ?
En passionnée que je suis, et aimant le foot dans sa globalité, je suis ouverte a beaucoup de choses. Le football féminin a quand même ma préférence car en tant que femme j’ai forcément envie de contribuer à son développement, C’est presque un devoir pour moi et en plus j’aime le jeu et la mentalité du football féminin. Plus précisément, le fait de travailler au contact des jeunes dans mon métier actuel me pousse aussi à m’intéresser à la formation. Découvrir de jeunes talents chez les filles et les aider à s’épanouir dans le football de haut niveau me plairait beaucoup. Je pense aussi que ma première formation et mon métier actuel m’aideraient beaucoup dans cette perspective.

L’alliance de ses compétences universitaires et de sa formation de recruteur chez FRFP permet à Erina d’avoir un profil très attractif pour les clubs.

Peux-tu nous en dire plus ?
Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai suivi un cursus universitaire en psychologie qui m’a permis d’obtenir une licence avec une spécialité en psychopathologie. J’ai ensuite approfondi avec un diplôme universitaire en criminologie pour pouvoir intégrer la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Dans ce cadre j’interviens auprès d’un public en difficulté. C’est un métier très difficile qui prend beaucoup de temps et d’énergie, et le football est mon échappatoire. Avec la formation j’ai voulu aller plus loin, apprendre de nouvelles choses et m’ouvrir d’autres horizons. J’ai pu découvrir que dans le scouting l‘aspect psychologique a aussi beaucoup d’importance, ce qui rend finalement complémentaires mes deux univers de prédilection.

Le scouting reste un univers très masculin, que dirais-tu aux femmes qui hésitent encore à s’investir dans ce domaine ?
Qu’elles n’hésitent surtout pas à se lancer et surtout à se former. Personnellement j’ai énormément appris durant cette formation en bénéficiant de l’expertise des formateurs et des intervenants que nous avons eu la chance d’avoir durant les masterclass. C’était vraiment enrichissant. Je pense vraiment que le football féminin a besoin de compétences à tous les niveaux pour se développer et que celles-ci ne peuvent pas être apportées uniquement par des hommes. Or aujourd’hui la grande majorité des staffs du football féminin sont masculins. Et pour aller encore plus loin, le football masculin aurait aussi à gagner à voir ses staffs se féminiser. Le football peut et doit gagner en diversité et les femmes ne doivent faire aucun complexe.

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